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La cataracte de Claude Monet

Avant la cataracte en 1899
Le jardin d'eau de Claude Monet à Giverny est orné d'un petit pont de bois qui enjambe l'extrémité du bassin, là où l'étang redevient un ruisseau prêt à se jeter dans le Ru.
Monet l'a fait peindre en vert - dans un vrai jardin japonais, le pont aurait été rouge.
Le pont japonais constitue le sujet de 45 tableaux de Monet. Il figure pour la première fois dans une oeuvre de janvier 1895, dix-huit mois après l'arrêté préfectoral du 24 juillet 1893 autorisant sa construction.
Mais c'est surtout en 1899 que Monet en tire des chefs-d'oeuvre, comme cette toile conservée au musée de l'université de Princeton, New Jersey.L'intervention
Début de la cataracte

On pense généralement qu'on commence à trouver des signes de cataracte dans les peintures de Monet à partir de 1908, dans les toiles Palais du Grand Canal dans Santa Maria della Salute, San Giorgio ou Le Palais des Doges.
Monet avait l'habitude de peindre vraiment ce qu'il voyait et ne trichait pas. Ainsi on se rend compte que les peintures postérieures ont des teintes qui s'accentuent dans les rouges et les jaunes. Les détails s'estompent également comme dans les Saules Pleureurs (1919) et les Nymphéas de 1920. Les bleus ont tendance à disparaître.

Monet ne tenait pas à se faire opérer car il se souvenait toujours de la cécité de Daumier survenue après intervention. C'est son ami Clémenceau qui le décidera à se faire opérer par le Docteur Coutela. Lors de cet examen du 7 septembre 1922 la vision est quasi nulle à droite et est de 1/10ème à gauche. Pour pousuivre son travail, Monet va accepter l'intervention.
L´opération de la catartacte a lieu en janvier 1923 à la clinique de Neuilly du docteur Coutela qui décrit ainsi l'opération: “ J'ai procédé à droite à l'extraction de la cataracte (extra-capsulaire) avec aspiration des masses aussi complète que possible. Le soir même la chambre antérieure était reformée : ce fut pour moi un grand soulagement. ”
Les suites de l'intervention furent assez pénibles pour le peintre qui supporta mal le pansement sur l'oeil pendant 10 jours. Les verres correcteurs ne furent prescrits qu'une vingtaine de jours après. Coutela écrit à Clémenceau : “ La vision de près peut être considérée comme à peu près parfaite après correction. Pour la vision de loin, le résultat est moins extraordinaire : Monsieur Monet a 3 à 4/10ème, ce qui n'est pas mauvais... mais il lui faudra un certain entrainement, car pour la vision de loin, il sera plus ou moins gêné. Bref je suis très satisfait, d'autant que les péripéties ont été nombreuses. ”

Malgré cela Monet était déçu et perturbé par la correction optique et la vision de ce côté droit, et il refuse l'opération du côté gauche. 
Avec la cataracte em 1923
Un ophtalmologiste célèbre, Jacques Mawas eut l'occasion de voir Monet à Giverny après son opération . Il rapporte les commentaires du peintre : “ Je vois bleu, je ne vois plus le rouge, je ne vois plus le jaune ; ça m'embête terriblement parce que je sais que ces couleurs existent; parce que je sais que sur ma palette il y a du rouge, du jaune, il y a un vert spécial, il y a un certain violet ; je ne les vois plus comme je les voyais dans le temps, et pourtant je me rappelle très bien les couleurs que ça donnait. ”
Mawas demanda à Monet “ Mais comment savez-vous que vous peignez en bleu ? Par les tubes de peinture que je choisis. ”